Concilier l'environnement et l'économie
pour un "développement" compatible avec l'écologie et la poursuite de la prospérité de l'humanité.

Militer pour le "développement durable" part de la constatation que la croissance de la population et la croissance économique ne peuvent pas continuer indéfiniment sans mettre en danger les équilibres de la planète et la survie de l'humanité. La croissance de la population et la croissance économique sont géométriques, c'est à dire que les accroissements produisent eux aussi des accroissements, comme les intérêts composés à la banque. La question est: "quand atteindrons nous les limites au delà desquelles les conditions de la croissance seront affectées négativement? car la croissance économique dépend des conditions écologiques de la planète, de ses produits et de ses services, comme par exemple l'oxygène de l'air et la séquestration du CO2 par le règne végétal."

De nombreux signes existent aujourd'hui qui nous font craindre que ces limites sont en train d'être atteintes voire dépassées. Ce sont:

  • la diminution et l'approfondissement des réserves d’eaux des aquifers et des nappes phréatiques,
  • la diminution des espaces forestiers,
  • l'épuisement des ressources de la pêche océanique,
  • la diminution de la productivité des sols et la progression des déserts,
  • la disparition des récifs coralliens,
  • la disparition d'espèces du monde vivant c'est à dire la perte de biodiversité
  • la fonte des glaciers terrestres, des glaces de l'arctique et de l'antarctique,
  • le réchauffement climatique,
  • l'augmentation de la fréquence et de la gravité des événements climatiques catastrophiques que sont les cyclones et les ouragans, les inondations, les tempêtes naturelles
  • l’accumulation croissante des déchets et des polluants répandus dans l'atmosphère, sur terre, dans les rivières et dans les océans,

L'humanité a mis 100 000 ans pour atteindre le stade technique et culturel de ce début de 2ème millénaire, à partir d'une population de chasseurs cueilleurs en très faible nombre (sans doute quelques milliers d'individus seulement) jusqu'aux plus de 6.5 milliards d'individus de 2005. Et nous avons atteint le stade technique et scientifique d'aujourd'hui en moins de 200 ans et plus particulièrement au cours des 50 dernières années avec l'avènement de l'électricité et du pétrole.

Mais ces prodigieux progrès sont le fait d'une petite partie de la population de la planète qui en bénéficie, prélevant sur l'ensemble de la planète les ressources nécessaires à la production de cette richesse, tandis que la grande majorité des hommes et des femmes restent confinés dans la pauvreté et le dénuement. La continuation de ce processus d'enrichissement au profit d'une minorité qui consomme la quasi totalité des ressources naturelles de la planète, est impensable à la fois à cause des limites de ces ressources naturelles et de la capacité de la nature à les renouveler, et à cause de l'accroissement de la population.

Le livre Eco-Ecology de Earth Policy Institute, aborde tous ces problèmes qui défient l'humanité en 2005, avec clarté et lucidité, utilisant des données publiées par les grandes institutions internationales, l'ONU, la Banque Mondiale et l'OCDE, et propose des solutions. Les solutions partent de l'idée que l'économie doit être subordonnée à l'environnement. L'économie ne tient pas compte dans le prix des produits qu'elle offre sur le marché, du coût des produits et des services de l'environnement, lesquels sont comptés pour zéro car considérés comme abondants et gratuits.

Il en est ainsi de l'oxygène de l'air pour la combustion du carbone dans les centrales électriques, dans les hauts-fourneaux sidérurgiques, les cimenteries et les transports terrestres aériens et maritimes. La transformation chimique de l'oxygène en CO2 au cours de la combustion ne posait pas de problème jusqu'au début de l'ère industrielle car la nature absorbait le CO2 produit en le séquestrant par croissance de la biomasse terrestre et océanique. Mais avec le remplacement de la biomasse par le carbone d'origine fossile accumulé au cours de millions d'années (charbon d'abord, puis pétrole et gaz), avec l'accroissement de la population et la diffusion du développement économique à travers la totalité de la planète, le CO2 dégagé dans l'atmosphère dépasse les capacités d'absorption de la nature. Il en résulte donc ce que nous observons et mesurons grâce à notre technologie moderne, à savoir une élévation de la teneur en CO2 de l'atmosphère et de manière concomitante une élévation de la température. Or cette élévation de température que l'on relie à celle du CO2 a toutes chances d'être à l'origine d'un changement climatique. Des changements climatiques ont eu lieu au cours des 2 millions d'années passées comme le montrent les observations géologiques, mais ce qui surprend c'est la rapidité et l'ampleur de la variation, de sorte qu'il paraît plausible que l'activité humaine est une cause du processus. Surtout, la rapidité du changement ne permettrait pas aux espèces du monde vivant de s'adapter par la sélection naturelle; d'où la crainte d'une extinction d'espèces analogue à celle qui s'est produit à la fin du crétacé, due croît-on à un gigantesque météorite, et qui aurait vu disparaître les dinosaures.

L'économie donne donc des prix trop bas ce qui incite les consommateurs à utiliser abondamment les ressources non renouvelables, alors que des ressources renouvelables pourraient être plus utilisées selon les lieux, comme l'énergie solaire, l'énergie éolienne, la géothermie, la biomasse, le biogaz, et les petites centrales hydrauliques au fil de l'eau (ces dernières déjà bien implantées en France en régions montagneuses notamment).


Pierre Ratcliffe

Mis à jour le 07/03/2011